La mémoire auditive mythe ou réalité ?

[Naturel]

Bonjour,
Suite à l'intervention du Moogaddict sur un autre sujet, il semble indispensable d'ouvrir une discussion sur un sujet aussi brulant et important que la mémoire auditive.

En effet, tant de démonstrations et d'écoutes gravent dans notre esprit ce que nous pouvons, ou non, considérer comme une trace fiable pour justifier nos choix. La mémoire auditive existe t-elle, ou devons nous considérer qu'elle s'évapore sitôt l'écoute finie pour ne laisser qu'une vague impression de notre ressenti.

La seule bonne méthode serait-elle de prendre des notes durant l'écoute, ou de nous baser sur des critères objectifs. OU encore de rester sur l'"impression" que nous laisse une écoute ?

Le sujet est lancé, à vos claviers.

[Moogaddict]

Héhéhé, bon sujet..... et je sens qu'on ne va pas tous être d'accord.

Perso, je n'y crois pas du tout..... je ne crois qu'au test comparatif immédiat, dans un même environnement, sur une même oeuvre, au même moment de la journée, dans le même état d'humeur, etc..... etc..... limite objectiviste je suis, sur le coup.....

Le reste, c'est de la poudre aux yeux (enfin aux oreilles.....) pour des tas de raisons bonnes ou mauvaises..... mais souvent mauvaises, parce que liées au commerce, à l'égo, etc..... etc.....

Par contre, on peut se souvenir des impressions générales, et émettre un jugement global sur base de critères définis avec rigueur ou encore déceler de gros défauts (et prendre des notes pour s'en souvenir ultérieurement), mais en dehors de ces gros gaps, écouter 5 minutes et énoncer avec aplomb un comparatif avec une écoute faite deux semaines avant..... je me roule par terre de rire..... .

De plus, en admettant même que l'on ait une énorme rigueur d'analyse et que l'on puisse la retranscrire avec justesse, nous savons tous que certains critères plus subjectifs comme la "fluidité", l'"extinction des notes", etc....., etc..... sont plus difficilement perceptibles et donc non seulement non quantifiables, ce qui fait le bonheur des objectivistes, mais aussi moins marquants dans nos consciences de testeurs que des hp's trop boomy ou agressifs dans le haut, où effectivement on peut imaginer s'en souvenir d'une écoute à l'autre (quoique la plus grande prudence soit également de mise quand aux premiers critères évoqués plus haut, et qui sont loin d'être exhaustifs).

Donc oui, dans les très grandes lignes, on peut se souvenir vaguement, mais au niveau du hdg et du thdg a fortiori, où les différences qualitatives s'amenuisent, c'est du nimportnawak, comme dirait un forumeur célèbre.

C'est pas pour rien que les testeurs pros un peu sérieux ont un système de référence, dont ils connaissent par coeur les forces et les faiblesses, et qui sert d'étalon à leurs essais audiophiles.

Amha, bien entendu, et bon week-end à tous....

[Exceltium]

Bonjour Naturel,

Pour ma part, je pense qu'à l'instar de la mémoire gustative, il existe bel et bien une forme de mémoire auditive, se traduisant essentiellement par le souvenir - plus ou moins précis, plus ou moins complexe - d'un ressenti lors de l'audition de tel ou tel système.

Ceux d'entre nous qui fréquentent régulièrement les salons ou les auditoriums des revendeurs en s'arrêtant parfois pour des auditions, comparatives ou non, doivent s'être forgé au fil du temps une espèce de bibliothèque répertoriant leurs expériences musicales.

Personnellement, ce sont les expériences sur certains systèmes très haut de gamme qui restent gravés dans ma mémoire, lorsque l'écoute sort vraiment de l'ordinaire.

Je garde un souvenir ému de la première fois que j'ai entendu des enceintes électrostatiques Martin Logan (des Aerius ou des Quest, je ne sais plus) chez Noir et Blanc, lorsqu'ils étaient encore au boulevard Anspach, sur un coin, à hauteur du Palais du Midi.
Ils passaient le disque White Winds d'Andreas Vollenweider.
Et je vous parle là des années 1985-1986 !

Je ne pense pas que j'aie encore dans l'oreille le rendu prévis du système tel qu'il sonnait à l'époque, mais certainement celui de la patte si typique des panneaux électrostatiques. Ce souvenir a certainement évolué depuis, à mesure que j'écoutais d'autres systèmes, ou d'autres modèles de chez Martin Logan.

Même phénomène lorsque j'ai eu l'occasion d'entendre une électronique à tubes; c'était du Jadis, et cela sonnait incroyablement bien. Tant et si bien que des années plus tard, j'ai voulu retrouver cette chaleur et je me suis équipé en ampli et pré-ampli à tubes.

Les expériences les plus récentes s'étant gravées dans ma mémoire auditive sont:

- le mariage des Wilson Maxx (3?) avec les gros mono-blocs Mark Levinson et un lecteur Wadia lors d'un récent salon organisé dans un hôtel d'Evere par New Music
- le rendu spatial des Martin Logan CLX (25è anniversaire) branchées sur un système Accuphase, chez Alpha Sound à Anvers
- beaucoup plus accessible: une chaîne Rotel drivant les PM1 de B&W lors de ce même salon New Music: étonnant ce qu'il sortait comme vraie musique de cet ensemble assez modeste en somme !
- et pas plus tard que la semaine passée, j'étais de passage à Istanbul et j'avais pour une heure à tuer entre deux rendez-vous, lorsque je me suis rendu compte que le sous-sol de mon hôtel était occupé par un magasin de hi-fi et home-cinema ma foi très bien achalandé.
C'est la première fois que je pouvais entendre:
- les Sonus Faber Aïda, branchées sur un ampli stéréo et un pré-ampli Viola: fa-bu-leux !
- les TAD Reference One speakers et leur électronique TAD: un autre système de très haute volée qui redéfinit, en ce qui me concerne, un certain nombre de paradigmes hi-fi

Alors: véritable mémoire auditive ou simple souvenir subjectif ? Les deux ne se confondent-ils pas, au fond ?
Chacun y prendra ce qu'il voudra.
C'est bien pour cela qu'il y a un tel foisonnement de marques et de modèles se renouvelant sans cesse, ce qui fait notre plaisir d'audiophiles, non ?

[Naturel]

Voilà un débat qui commence bien. Nous voilà avec deux témoignages presque totalement opposés et particulièrement bien défendus.

[Naturel]

Ceci étant, définissons bien ce que nous caractérisons par le souvenir d'une écoute et ce que pourrait être une réelle mémoire auditive. Le rendu est-il quelque chose que nous pouvons comparer à un apprentissage, cela si nous considérons un élément qui a prit place dans notre mémoire comme un acquis et faisant partie du connu, au sens, dirais-je, scolaire du terme.

[Moogaddict]

Je lis avec intérêt l'intervention d'Excellium et je pense que nous ne parlons pas de la même chose.

Il est évident que je peux me souvenir des impressions d'écoute de tel ou tel système, la scène sonore de Leedh sur des Devialet's, le rendu très "musical" de petites Tempo d'Audio Physics sur du Music Hall..... mais outre le souvenir de ces impressions, je serais parfaitement incapable de comparer avec un peu de sérieux à un autre ensemble écouté plusieurs semaines plus tard.

L'exemple gustatif me paraît excellent, on peut se souvenir de la saveur d'un plat sur l'un ou l'autre critère, mais comment pouvoir affirmer, entre deux vins de qualité proche, que tel est un peu plus ceci et un peu moins cela à quelques semaines d'intervalle ?

[Le Pivert]

Le reste, c'est de la poudre aux yeux (enfin aux oreilles.....) pour des tas de raisons bonnes ou mauvaises..... mais souvent mauvaises, parce que liées au commerce, à l'égo, etc..... etc.....

Par contre, on peut se souvenir des impressions générales, et émettre un jugement global sur base de critères définis avec rigueur ou encore déceler de gros défauts (et prendre des notes pour s'en souvenir ultérieurement), mais en dehors de ces gros gals, écouter 5 minutes et énoncer avec aplomb un comparatif avec une écoute faite deux semaines avant..... je me roule par terre de rire.....

Je ne peux que plussoier!

[Moogaddict]

Je n'en attendais pas moins de toi.....

[VEYS]

Considérer la mémoire auditive, c'est voir deux aspects qui apparaissent dés le départ de ce post.

Il y a un niveau de "souvenirs auditifs" qui nous permet de nous rappeler des écoutes de musique à travers des concerts et/ou des systèmes de restitutions. Ces souvenirs sont entachés de tous les défauts émotionnels possibles.
Celà se passe à un moment dans certaines circonstances et nous mettons une valeur personelle sur cet évènement.
"j'ai écouté tel morceau sur le système machin chose avec les enceintes truc brol chez bazar et ça sonnait vachement bien"

Il y a le niveau ou l'on veut trouver sa "référence" propre. Celle qui devrait permettre de comparer (mentalement) ce dont on s'est fait une idée plus précise (tendant vers l'idéal ) avec un (ou des) élément(s) de restitution. Et on se dit que cette "référence" interne est normalement immuable et nous permet à tous moments de donner un avis sur une écoute.

Et le gros soucis, c'est que chacun s'est fait sa propre référence de base.


En plus elle est souvent liée à la vue et non à l'ouie ! C'est en voyant un appareil ( et l'étiquette de son prix) que beaucoup se créent leur base de donnée.

[Moogaddict]

Juste, mais la question est de savoir si le souvenir de cette référence est fiable ou pas et c'est là que pour moi la réponse est résolument non.