zantafio a écrit:Pour Sonos, vu qu'ils ont des accords avec IKEA, à voir si ces derniers ne pourront pas leur venir en aide.
Aucune chance. Même si IKEA leur prêtait leur Ekknovit, le fameux presse-ail qui d'un simple clic-clac se transforme en canapé-lit 3 personnes, pour mieux presser les roubignoles au chef du développement software de Sonos en espérant une prompte solution, c'est sans espoir: Ikea ne peut absolument rien pour eux.
Non, au cas où le développement software se fait
en interne chez Sonos (ils emploient
leurs développeurs), c'est seulement en interne que la solution sera trouvée. Si le développement software est externalisé, idem, c'est seulement du sein des équipes du prestataire que la solution viendra (en aucune façon d'un éventuel partenaire financier tel qu'Ikea). Le développement de software, c'est tellement complexe qu'aucun acteur extérieur autre que les développeurs qui ont écrit le code ne peut espérer venir en aide valablement en y mettant son nez. Supposons une aide financière d'IKEA (à supposer qu’ils soient partenaires), ça ne change toujours rien au fait qu'il est impossible de cloner les développeurs qui ont fait le code pour les faire bosser 24h ou 48h/jour.
Dans tous les cas, ça s'annonce épineux (voir
supra, 5ème tiret "21 août").
Hier, des appareils photos, entre autres, sont devenus de vulgaires
périphériques USB (donc reliés à
un ordinateur, mais encore totalement étrangers à toute technologie spécifiquement
réseau, càd en gros TCP/IP ou UDP/IP).
Aujourd'hui, des appareils hifi
connectés, mais aussi des télés
connectées, des frigos
connectés , des caméras de surveillance
connectées, des serrures (!)
connectées, sont devenus des "noeuds", càd des bidules à intégrer dans un
réseau informatique (4 couches de protocoles en pratique, 7 en théories dans le modèle OSI). Résultat: le constructeur de télés, de hifi, de frigos, etc,
connectés doit assurer le cycle de vie de son logiciel (= la connectivité informatique de son matériel, qui tourne
au-dessus de la pile des 4 couches susdites, et l'appli qui souvent la gère). Et l'utilisateur peut s'emm***er à configurer un salmigondis de bidules connectés.
Et surtout: croiser les doigts pour qu'une mise à jour logicielle publiée par le constructeur - ou l'absence de celle-ci ! - ne casse pas une fonctionnalité essentielle, et n'expédie le produit dans l'obsolescence (pas forcément
programmée d'ailleurs; simplement, "le cycle de vie de votre produit a été très court, mon bon Monsieur; il est temps de remplacer, maintenant..." ). Car en pareil cas, il ne reste plus qu'à espérer, pour le produit hifi
dé-connecté-pour-toujours, qu'il possède une bonne vieille entrée cinch RCA ou mini-jack pour encore pouvoir y amener un signal par câble (vous aviez dit
wireless?). Dans le cas contraire, le produit devient littéralement inutilisable, donc prend la direction
décharge pour produits électroniques au Ghana.À bourrer d'informatique les produits hifi parce qu'ils devraient "impérativement" être connectés pour être
cools, on se lie à une inversion de valeurs: le développement informatique, nécessaire à cette connectivité, coûte très cher. Il est à craindre qu'il pèse lourd dans le budget de développement du produit, au détriment du développement de la partie "son" du produit. S'ajoutent ensuite le marketing et la publicité. Que reste-t-il pour la qualité sonore?
Et tant qu'on "n'éduque" pas les 15-24 ans à une qualité "haute-fidélité", désormais presque d'un autre âge, fonctionnant parfois en 100% off-line, on se lie absurdement à un paradigme "connecté" dominant: la connectivité devient alors une obligation dans la boucle de conception du produit (Alors que des concepteurs de téléphones travaillent...à des téléphones
moins connectés ! Sérieusement.). Donc la connectivité devient centrale car elle détermine la fluidité de l'usage aux yeux d'un public (souvent très) jeune pour qui tout se connecte, mais qui est largement ignorant de la qualité (il y a toujours des exceptions).
Petite réflexion prospective d'arrière-salle de café du commerce:
(Si on veut/doit vraiment faire du connecté, tant qu'on n'aura pas pour ce faire une solution standard et très peu coûteuse, telle qu'une "stack", une pile logicielle open source (OSS, open source software) gratuite, standardisée, et même matérielle (open hardware), vigoureusement maintenue par une communauté active (à la manière de Linux pour le logiciel, ou Eclipse pour le développement de software), ou même une solution commerciale propriétaire devenant presque un standard de fait (comme les puces Snapdragon qui fournissent maintenant le traitement standard de réduction de bruit pour beaucoup de casques), on dispersera les moyens. C'est stérile. Et les (petites ou moyennes) boîtes d'audio assécheront leurs faibles ressources en s’épuisant à développer, ou faire développer, chacune leur propre solution propriétaire. Dispersion des ressources, émiettement absurde et inefficace. Il faut une solution standard, efficace et économique qui rencontre ce besoin on ne peut plus standard et impersonnel, que rencontre toute marque: se connecter à un réseau, et "parler" à des services de streaming.
Et si on parle de beaucoup plus grosses sociétés, telle qu'Apple ou les GAFAM, le processus est inverse: leur cœur de métier étant l'informatique, il leur est facile de développer la partie connectivité et application, et ils rachètent des boîtes d'audio, beaucoup plus petites (financièrement), pour adapter les produits existants et les rendre "connectables". Leur force de frappe financière est telle qu'elles peuvent faire leur shopping en rachetant de plus petites sociétés spécialisée en audio. C'est même arrivé à B&W il y a quelques années: pourtant devenu un groupe de 1000 personnes, B&W s'était fait racheter par une startup composées de 14 snotneûûs de moins de 28 ans qui avaient décroché la timbale. Cette startup pesait son paquet de milliards de dollars, et pouvait se permettre de "faire son shopping" de "petites boîtes" (càd financièrement beaucoup plus petites). Ainsi, 14 snotneûûs rachètent B&W et ses 1000+ travailleurs, sans peut-être vraiment tout-à-fait comprendre ce qu'ils avaient racheté. J'imagine que l'un d'eux, dans une soirée chez Mark (le Zuck), aura dû voir "un haut-parleur cool avec une boule noire dessus" ("Man, it sounded great! So cool. Let's buy them!"). Le but affiché par cette startup de développeurs était de rendre les B&W connectables et intégrables à la galaxies de bidules déjà connectés (modernisons...). B&W a ensuite été rapidement revendu à un autre groupe. Toutes ces informations sont publiques.
De façon similaire, Apple p.ex dispose d'une réserve de cash presque inépuisable, et le développement informatique est leur cœur de métier. Faisant son shopping, Apple rachète ainsi les casque Beats (rebaptisés AirPods Max). Et de loin en loin, on retrouve sous l'égide de la marque une agrégation de matériels médiocres, mais tous impérativement connectés: casques Beats ("the worst crap ever", selon une revue de son), enceintes Apple connectées, etc. C'est-à-dire tout un nuage de produits satellites anciennement spécialisés audio, qu'Apple - ou toute autre GAFAM - aura phagocyté afin de les intégrer dans son écosystème, sous une forme ergonomique et stylée, mais qualitativement médiocres, et qui ne manqueront pourtant pas de séduire les "fanatiques" de la marque.)