Merci VEYS pour l'ouverture de ce sujet.
Je continue à planter le décor en guise d'introduction à la discussion.
L'expérience fut enrichissante à plus d'un titre en ce qui me concerne. Je m'aperçois qu'ayant fais mon petit système dans mon coin, vos avis sont tout à fait intéressant et feront naître, sans aucun doute,des réflexions et à terme des évolutions dans sa structure. Mon lecteur CD, comme j'ai ai déjà fait part à plusieurs reprise n'est plus tout jeune et même si je suis fort attaché à son équilibre tonal, à son homogénéité et à ses harmoniques, il est de toute évidence moins performant en ce qui concerne les extrêmes tant dans le haut que dans la définition et l'articulation du bas du spectre.
Comme le disait VEYS ci-dessus, nous avons passé la soirée à comparer les versions CD et vinyles de différents albums. Avec aussi quelques minutes de musique distillée par le Revox et une de ces grandes bandes de 26,5cm.
Nous avons commencé l'écoute avec mon vieux lecteur CD California Audio Labs Tempest II, qui doit se suffire à lui même dans la mesure où, n'étant pas équipé de sortie digitale, il n'est pas évolutif. Son convertisseur équipé de six tubes lui confère un son très analogique. Nous nous sommes d'ailleurs fait la réflexion que ce lecteur a été conçu avec un référentiel très différent de ce qui se fait maintenant, le référentiel de l'époque étant analogique alors que maintenant, le digital faisant le loi depuis longtemps, les actuelles générations de lecteurs digitaux prennent pour référence les précédentes générations de machines digitales. Pour permettre à chacun de se faire une idée de l'identité de mon système, nous avons pris un peu de temps pour passer quelques plages connues de tous et permettre à chacun de situer mon système dans le référentiel de chaque auditeur présent.
Je ne sais, bien entendu, si ce fut l'impression générale et sans tirer de conclusions hâtives ou catégoriques, mais je n'ai jamais eu le sentiment d'être face à une bonne solution opposée à une mauvaise solution. Mais plutôt, avec le vinyle d'être face à un autre plaisir. Un autre type d'écoute et d'équilibre tonal. Les remarques furent parfois cocasses et tordent le cou à certains préjugés bien ancré tels : "C'est le vinyle ça ?? Mais où sont les scratch-scratch ??". Décidément, non, un vinyle en bon état de surface, de propreté et non gorgé d'électricité statique, ne craque pas.
A la mi-soirée, nous avons monté le lecteur Audio Aero apporté par Moogaddict. Le comparatif était intéressant à plus d'un titre, dans la mesure où le budget des deux sources est relativement similaire. Tenons compte du fait que le vinyle permet de ne pas avoir un budget fixe, dans la mesure où un changement, de bras, de cellule ou de pré-phono fera varier la qualité de l'ensemble, mais aussi et parfois de manière sensible le budget. Quoi qu'il en soit, l'Audio Aero coûte, au alentour des 5000 eur et la platine VPI Classic dont je dispose, dans la configuration de cellule et de pré-phone au alentour d'un maximum de 4000 eur.
Comme je le disais, je ne garde pas le souvenir d'une bonne et l'autre mauvaise écoute, mais plutôt de deux plaisirs différents qui dans un cas ou dans l'autre vont rencontrer la sensibilité des uns ou des autres.
J'écoute CD et vinyles avec une proportion de 20 et 80%. Comprenez 80% de vinyles. Et je dois dire que la soirée d'hier me conforte dans ce plaisir. Mais je me rend compte que l'analyse des paramètres dont résulte ce constat seront sans doute long à établir. Une part est sans aucun doute à mettre au bénéfice de "l'art de vivre", l'objet et la manipulation du support en lui. A l'écoute les raisons sont plus difficiles à objectiver. Pour faire simple, je dirais que le vinyle me baigne dans une ambiance qui me semble plus naturelle, plus aérée que le CD. Une écoute empreinte de plus de réalisme et de douceur qui mène à un contexte musicale très axé sur l'émotion.
Autour du côté technique de l'écoute, les échanges furent nombreux à être directement axés vers la musique et vers l'œuvre, ce qui me comble d'aise dans la mesure où je ne puis m'empêcher de voir la technique une sale manie si elle ne conduit pas à s'émerveille de l'œuvre et de l'artiste. Beau moment à ce sujet avec le superbe coffret/livre de Mike Oldfield (Tubular bells) apporté par VEYS. Coffret renfermant sous forme de CD et vinyle les différents stades de la construction et de l'évolution de cette œuvre. Aussi un très beau livre particulièrement bien documenté sur le contexte de cet album.
Dans toute chose il y a une faille.
C'est ainsi qu'entre la lumière.
Leonard Cohen