grisou a écrit:J'admire ceux qui ont l'érudition ... l'addiction ....et la patience d'écouter ce genre de musique
L'
érudition, certainement pas.
Je n'y connaissais rigoureusement rien en musique classique (et c'est presque toujours le cas, finalement), qui était totalement absente de mon milieu familial (ainsi que toute musique, à vrai dire).
Le hasard et la curiosité m'y ont mené, ainsi que la lassitude progressivement ressentie au contact du rock et de la pop que j'écoutais étant plus jeune. Le magazine Diapason m'a mis le pied à l'étrier du classique, j'écoutais les disques offerts avec le magazine, et lisais les articles. J'avais l'impression d'être une sorte d'explorateur sonore, qui découvrait un continent inconnu. Peu à peu, je suis venu aux concerts (perçus très faussement par une majorité de gens comme "chers" et "élitistes": aujourd'hui, on y va en jean et baskets si on veut, on demande juste aux gens d'éteindre leur stupidophone, et ça peut ne coûter que le prix d'une place de cinéma, pour se retrouver face à une demi-millénaire de travail humain, exercé dans un art d'une subtilité et d'une difficulté proprement fantastiques: 40 musiciens ayant chacun un master de 5 ans, et en moyenne au grand minimum 7,5 ans de pratique; faites le compte...). La curiosité m'a même poussé jusqu'au solfège à l'âge adulte, mais ça, c'est une autre histoire, déjà prématurément terminée d'ailleurs...
L'
addiction? Saine assuétude, mais elle vient après
Et au contraire des crasses chimiques - ou numériques (les réseaux sociaux, Tik Tok, etc) - qui créent
intentionnellement l'addiction, la musique est bénéfique pour la santé, selon les études.
Une étude démontre les bienfaits de la musique sur la santéLa
patience: là, je te rejoins, mais elle se cultive, la patience. Je crois qu'il s'agit plutôt de s'extraire d'une impatience (et une incapacité de concentration) "pathologiques", induites par le bombardement continuel de stimulis
visuels, de provenance numérique principalement.
La musique comme antidote aux ravages du virtuel?Et, crois-le ou pas, la 9ème, je dois encore la découvrir
vraiment. Si, si, je te jure. (je n'ai jamais écouté que quelques passages)
Je conclus sur un questionnement.
UNE SIMPLE AFFAIRE DE GOÛTS ET DE COULEURS?
Je ne me rendais pas bien compte, mais comme le dit le présentateur de ce concert de la 9ème de Beethoven, sur Arte: "à l'époque, un concert était une soirée consacrée à l'écoute des musiques les plus variées, et souvent, à la création d'une œuvre originale. Et n'oublions pas que
cette musique que nous appelons classique était alors d'une modernité absolue. Et que les concerts étaient aussi imprévisibles que passionnants".
J'aime aussi beaucoup Radiohead ou Luke Abbott, compositeur de musique électronique (
Brazil, YT,
White Box Stereo, YT). Mais que restera-t-il de Luke Abbott dans 200 ans? Pour
African Flowers, de Duke Ellington, j'ai moins de doutes.
J'écoute aujourd'hui une pièce de Bach (280 ans), ou de Monteverdi (près de 400 ans), et je frissonne.
Qu'y a-t-il de si "universel" et "intemporel" là-dedans pour que les Asiatiques se soient emparés de cette façon de la musique "classique"... "occidentale"? (je mets bien des guillemets partout).
On estime que 30 millions de Chinois prennent
très sérieusement des leçons de piano (certains chiffres, invérifiables, parlent même de 50 millions). Oui, ils sont 1,4 milliards, mais quand même. Deutsche Grammophon célèbre son 120ème anniversaire...en Allemagne? Non, à Shangaï et Pékin ! En Chine, l'âge moyen du public est de 30 ans !
Cet engouement asiatique pourrait s'expliquer
dans le cas de la Chine par des raisons politiques et historiques: "Le pays, sorti des années Mao il y a une quarantaine d’années, veut rattraper le temps perdu sur le plan culturel. « La génération de Xi Jinping, ceux qui ont plus de 60 ans, ont connu la révolution culturelle. Dans l'imaginaire collectif, il y a cette mentalité de "plus jamais ça" et la volonté de se cultiver, de découvrir des choses que leurs parents avaient entrevues, dans le meilleur des cas. C’est ce qui explique la politique culturelle très volontariste des autorités » analyse Emmanuel Lincot. [...] Les années Mao ont été dévastatrices sous bien des aspects, y compris la musique classique qui commençait à se développer à partir des années 1930. « Les pianistes ont eu leurs doigts mutilés. Jiang Qing, l'épouse de Mao Zedong, a fait symboliquement briser tous les pianos à queue du pays. C'était d'une extrême violence » " (
Radio France).
Mais d'autres pays asiatiques ne sont pas en reste: José Van Dam, membre du jury du Reine Elizabeth de chant témoigne dans une interview de son expérience sur l'édition 2023: "sur les 500 candidats pour la sélection, il y avait la moitié de Coréens" (!).
Engouement pour la musique classique au Vietnam également.
(Pendant ce temps-là, en Occident,
- les gosses sont addict à TikTok (qui, en Chine précisément, est coupé après 22h et max 2h/jour pour les enfants chinois, par contre pour les enfants occidentaux, c'est open bar...pour mieux les abrutir? - ça s'appelle le cognitive warfare),
- on se gave de séries sur Netflix,
- et de hamburgers (selon une étude internationale, le taux d’obésité a plus que doublé chez les adultes en 32 ans, et quadruplé chez les enfants en 30 ans; plus d’un milliard de personnes sont aujourd’hui obèses dans le monde - The Lancet)
)