J'y suis allé samedi et dimanche. En mode plus "grégaire" que d'habitude: d'abord avec un membre du forum, ensuite rejoint par deux copains dimanche, l'un, ex-ingénieur du son (ex-partenaire de Studio Kitsch), et l'autre, luthier.
Salon très qualitatif. Écoutes de qualité, le plus souvent portes fermées (pas verrouillées), MERCI ! Ça laisse s'exprimer respirations et subtilités telles que les timbres et les détails, qui sont LE terrain de jeu du haut de gamme. Les démonstrateurs jouaient des playlists plutôt pas trop mal (trop peu de classique, mais ils sont ouverts aux suggestions). Parfois trop fort (comme chez TAD), parfois à niveau plus raisonnable (B&W, Magico, ...).
Dans l'ensemble, super salon, organisation fantastique et cadre quasi-idéal, comme toujours.
Souhait pour l'an prochain: disposer de flyers petit format, papier souple et pas cher, en grand nombre, comprenant QR-code, pour distribuer autour de moi et laisser un "truc physique" dans les mains des gens rencontrés.
Ce mode "grégaire" de ma visite cette année est réjouissant, mais rend plus difficile l'écoute méthodique, de l'an passé p.ex: on discute beaucoup, on mange, on rigole, on s'attend, on se donne RDV, on se cherche, etc. Plaisir de déjeuner avec mon comparse Moustafa, rejoints par Zantafio et son voisin pianiste. On s'amuse bien (c'est le principal), mais c'est aussi un peu plus chaotique pour l'explorateur/dégustateur. Par exemple, je ne suis pas arrivé, faute de temps, à aller écouter un peu partout
un même morceau (disponible sur tous les services de streaming)* afin d'avoir au moins un point d'ancrage. Bref, je vais devoir être très prudent...
*sauf chez Wilson&Nagra, qui jouaient du matérialisé.
Donc je me sens cette année moins sûr de moi dans mes conclusions, vu le manque d'invariants d'une salle à l'autre. J'ai même pu constater une variabilité affolante des appréciations, y compris de la mienne, pour une même salle
visitée à trois moments différents: trois exemples.
- la salle Wilson SabrinaX & Nagra Classic Line: du CD, et du vinyle sur la platine Oracle (disques sonnant tantôt chaud et sourd, tantôt neutre, tantôt un rien cru et typé médium; cette grande variabilité dans le rendu est intéressante, et le fait que je ne sois pas tombé sur un vinyle qui m'ait plu n'a finalement aucune importance).
- la salle MBL. Je n'ai pas "compris" MBL cette année (tout comme un autre membre), alors que l'ingé son et le luthier sont ravis, il est vrai précisent-ils sur des enregistrements live (ce qui change tout).

Je rappelle tout de même au passage la prestation, à mon sens impériale, du système MBL il y a deux ans, lors d'une démo absolument mémorable des 101 E MKii (compte-rendu). - la salle Magico & MSB:
les mêmes morceaux tournent en boucle dans la playlist. D'abord, la Missa Criola, de Ramirez, que j'aurai écouté au moins 3 fois sur ce système. Propre, et développement harmonique intéressant. Peut-être un peu lisse? Enceintes fort écartées, mais vu la salle, ils essaient d'arroser large, je comprends. Je sens un potentiel.
Puis, dimanche PM, avec le copain luthier et l'ex-ingé-son, on arrive au moment où le démonstrateur annonce un violon "un peu sombre"; je ne sais pas bien ce qu'il veut dire (par Kremerata Baltica, ensemble fondé par le violoniste Gidon Kremer). Je ne sais pas trop qu'en penser, mais le luthier n'apprécie pas: "ça ne sonne pas comme un violon", dit-il. On sort. L'écoute ne convainc ni l'ingé son, ni le luthier. Moi je trouve ça pas mal quand même (sur les autres morceaux surtout), mais discutable sur le violon en effet (en gardant en mémoire mes disques, et quatre concerts mémorables: Sibelius, Hadelich, sur le Guarneri del Gesù, à Anvers, et Beethoven par Janine Jansen & Denis Kozhukhin, laquelle joue sur le Stradivarius qui a appartenu à Nathan Milstein; ou encore tout récemment, Alina Ibragimova et l'ONB, entendus un soir dans la salle exceptionnelle du Namur Concert Hall, et le lendemain à Bozar dans le même programme, que j'adore).
PUIS, le luthier et l'ingé son quittent le salon. je reviens alors faire un dernier tour au 2ème, et me rend à nouveau chez Magico. Je demande de passer Sibelius, J. Heifetz, violon (RCA Living Stereo, direction Ch. Munch): magique... Et pas que le violon d'ailleurs, le basson aussi, les cordes...Si le luthier avait entendu ça! Je crois que le morceau de violon des Kremerata passé précédemment n'était peut-être pas tout-à-fait approprié. Un côté peut-être un rien plus "RAW", plus râpeux et "live" aurait-il été appréciable? Peut-être bien, mais à voir avec l'association, je suppose.
Bref, une variabilité générale (sur l'ensemble du salon, vu mon mode de visite) qui défie un peu le jugement, j'avoue.
Car les surprises étaient au RDV, comme
évoqué plus haut avec le système Wilson & Audio Research & Wadax en source: tonalité globalement chaude, mais tout de même moins que d'habitude. Puis, tout-à-coup, un Take Five (presque) comme en live, émergeant de la touffeur, alors que j'étais assis en fond de salle, d'ailleurs absorbante, prêt à sortir. Rien compris...

La source Wadax, grosse surprise arrivée l'avant-veille, et dont on a semble-t-il beaucoup parlé à Munich 2023.
De cette variabilité émerge tout de même une constante, comme une montagne, un sommet perçant la couche nuageuse, et qui semble d'ailleurs...nous mettre (presque?) tous d'accord: l'impressionnant et bouleversant duo
TAD Reference One TX (TAD R1 TX) avec les blocs mono Krell KMA-i800 en classe A, avec les TAD R1 TX du magasin (qui possède aussi le Krell i400, la version stéréo des blocs mono démontrés ici).
Tournait une playlist presque exclusivement composée d'enregistrements en "close-up" (l'instrument ou la bouche très près du micro), comme noté par VEYS. Dont un quatuor de voix masculines noires impressionnant de présence, en particulier la basse profonde, à gauche. Puis j'ai demandé du classique, à ma 4ème visite de cette salle. Un piano est sorti juste après ce quatuor de voix, et là - BAM ! - les murs du studio de l'enregistrement précédent explosent, une salle de concert se déploie maintenant, et un piano hyper-réaliste apparaît devant nous, virtuellement positionné environ 4 mètres derrière le plan des enceintes (alors que le quatuor de voix masculines précédent sortait littéralement du plan des enceintes). Basculement total d'un univers sonore à l'autre, comme si on avait carrément changé de système. Affolant. Justesse sidérante de la main droite. Présence et fermeté de la main gauche, la clé de fa n'est pas flagada. Niveau sonore approchant le réalisme. Dynamique remarquable. Jamais je n'aurais cru qu'on écoutait une enceinte bass-reflex de 89 dB (a priori des spécifications qui me feraient bailler d'ennui). Les Krell KMA-i800, derrière, n'y sont pas pour rien.
L'ingé son est sonné (mais trouve que le piano "était enregistré d'un peu loin"; moi, j'apprécie le contraste). Le luthier est aux anges. Et moi, transporté.
Je n'ai aucune photo de cette montagne. J'en pique donc une du Web.


Lorsqu'il s'agit de redescendre de ce sommet par contre, je constate avec amusement qu'on n'est peut-être pas tous d'accord sur la question de savoir
par quel versant on effectue la descente :-)
Mais ceci est une autre histoire, sur laquelle je reviendrai plus tard. Un peu de repos d'abord.
PS: n'hésitez pas à faire dégorger vos appareils photos. J'avais pris le mien, puis sur place, j'ai été pris d'une crise de dégonflite. Donc j'ai très peu de photos.
PS 2: J'ai bien aimé le sens de l'humour de Klipsch. Si seulement j'avais la même assertivité à l'égard de mon voisinage.
