
Lors de l’arrivée du format CD, le monde de la HiFi de l’époque a fait l’erreur de vouloir expliquer le flux numérique d’une manière analogique.
Si cela pouvait partir d’un bon sentiment pédagogique, c’est surtout devenu une manière d’introduire une série d’incompréhensions et de fausses idées chez les amateurs de Hifi.
D'abord, comme le support dans les deux mondes était un disque «tournant », certains ont rapidement fait la comparaison entre l’aiguille et le faisceau de lecture.
Et… comme entre les appareils, on met des câbles, ils ont de la même manière considéré que le signal analogique et le signal numérique avaient la même structure linéaire.
Pourtant, tout est différent !
Plusieurs concepts sont à acquérir pour comprendre le flux numérique dont principalement :
1) La différence temporelle :
Depuis le départ, on a représenté le signal numérisé d’une sinusoïde analogique comme une suite de marche d’escaliers entre des échantillons.
C’est sans doute une des plus mauvaises interprétations qu’on pouvait donner et c’est celle qui « pollue » le plus les débats.

Le signal numérique est un ensemble de valeurs représentatives d’un état fluctuant (le signal musical) à des moments donnés (les échantillons en fonction de la fréquence).
En entre ces moments il n’y a rien !!!
Donc il n’y a pas de paliers comme souvent représentés dans les schémas.
Le décodage numérique vers analogique ne se fait qu’en liant les points (états) entre eux et non en attendant au même niveau le point suivant. Le signal final est donc lissé en non pas en escalier.
Cela est possible pour le décodage (comme pour le codage) parce que le système ne travaille pas en temps réel et continu, mais bien avec des « tampons ».
Donc au moment où le système crée une liaison entre le point 1 et le point 2, il connaît dès le départ la valeur du point 2 (et sans doute à quel niveau est le point 3 et les suivants). Un peu comme lorsqu’on joue à relier des points numérotés pour créer un dessin !

Il n’est pas tributaire du temps réel contrairement au signal analogique.
Le signal que l’on entend en fin de chaîne (après conversion et amplification) est temporellement en retard par rapport au moment où le fichier est extrait de son support. (Idem lorsqu’on numérise d’ailleurs).
2) Les paquets :
Le signal numérique n’est pas un flux continu de bits représentant uniquement la numérisation du signal analogique.
Ce n’est pas une simple mise en « bits successifs » du signal analogique.
Il est constitué d’un ensemble de « paquets » de bits qui contiennent une série d’informations annexes et nécessaires et une partie du signal numérisé. Ce signal est entre autre décomposé entre les canaux gauches et droits. Ces paquets se suivent et forment ce qu’on appelle le « signal numérique ».

Ici aussi, la différence temporelle est marquée puisqu’on doit, au moment de la conversion, remettre les différents paquets dans le bon ordre et la bonne imbrication.
Vu sur la ligne du temps, le signal est donc non linéaire à la différence de l’analogique.

3) la modulation du signal numérique :
Celle ci oscille entre deux états théoriques
Même si c'est un peu plus compliqué en réalité, en gros le signal « informatique - numérique » est constitué de transitoires allant du tout au rien modulés en fréquence.
Le niveau électrique moyen est constant en non modulé en amplitude !
Si il y a affaiblissement du signal durant la transmission (longueur du câble ou mauvaise connexion) c'est pour arriver à une perte complète du signal, mais nullement à des pertes "qualitatives" du signal numérisé.

Par ces trois concepts on peut déjà dire que :
- Le flux numérique (ici je parle bien du SPDIF/AES) n’est nullement une représentation bits par bits du signal analogique. C'est un signal purement informatique !

Il est impossible de le modifier durant son passage entre deux éléments par un artifice tel qu’un alliage de câble.
- En numérique, ça passe ou ça ne passe pas, rien d’autre !

- Le décalage temporel et le tampon sont les alliés de la qualité du numérique.

- L'analogique ne vit qu'en temps réel et ne peut être modifié d'une manière anticipative.

Et n'en déplaise aux premiers défenseurs, le lecteur CD ne fonctionne pas comme un tourne disque.
Il extrait des informations codées grâce à une lecture asservie.
La gestion de l’extraction se fait non pas en temps réel, mais avec un système de réservoir (mémoire tampon) et ce signal n’est pas linéaire au sens analogique du terme.
Bonne Année à tous !