Ce petit complément de ressenti sur une nouvelle écoute des B&W 800D modèle 2010. Après avoir entendu ces enceintes lors de leur arrivée en magasin et une deuxième fois quelques jours plus tard lors du salon de présentation de la nouvelle gamme chez NM, j’ai eu, hier après-midi, l’occasion de passé du temps en tête-à-tête avec elles.
La configuration du jour était les 800D drivées par deux blocs PassLabs X600 (configuration type très utilisée par NM sur les versions précédentes de la 800D), serveur Sooloos connecté au DAC du DCS Puccini, pré-ampli Soulution 720. Je n’ai bêtement pas regardé quel était le type de câbles de modulation utilisés … En revanche le magasin venait de recevoir du « très lourd » dans ce domaine mais je n’ai pu profiter que des câbles hp, les modulations et câble secteur étant encore en boîtes (j'en ai profité pour soulever le couvercle). Tant mieux, je tenterai de repasser dans les jours qui viennent pour entendre les différences apportées par ces connectiques hors norme. En deux mots, Siltech Empress Gold XLR (1,5m), Siltech Empress Crown XLR (1,5m), Siltech Emperor Crown SSP005 (3m) avec poids et Siltech Ruby Mountain II (1,5m). Le tout pour un budget se calculant en nombreuses tranches de 10000 euros !
Etant seul dans la salle, j’ai pu écouter en égoïste, chipoter le Sooloos, changer et rechanger les plages sans ennuyer d’autres auditeurs. Avancer, reculer mon point d’écoute, bref, chercher ma place, que je trouverai une cinquantaine de centimètre en avant de l’endroit où sont placés les sièges habituellement. La nouvelle série 800 étant (c'est maintenant acquis) plus simple à driver que la version précédente, j’avais quelques doutes sur le bien fondé d’utiliser des amplis aussi puissants que les X-600. Je reviens sur mes préjugés, leur usage apporte selon moi un plus à la restitution. Par rapport à mon écoute sur les Classé CT-600, je garde la sensation, de beaucoup de rapidité. Presque trop parfois à mon goût. Sur certains albums (que je connais très bien en vinyle) telle la version numérique de « Double Trouble » sur « Just one night » de Eric Clapton, certaines percussions n’avaient pas le poids que j’ai l’habitude qu’elles aient. Pourtant, à l’évidence, tout le spectre passe avec aisance. Cette remarque est l’occasion pour moi d’ouvrir une double parenthèse. La première pour préciser que cette sensation est, à mon avis surtout due à la version numérisée de cet album qui est très en dessous des qualités de la version vinyle d’origine (elle manque d’âme). Et la deuxième pour dire que je parle bien d’habitude d’écoute et de goûts personnel. Je me dis souvent que, surtout à ce niveau de qualité, la comparaison affirmant que ceci est meilleur que cela est un peu vaine et surtout fait totalement abstraction du goût personnel et de la manière propre à chacun de vivre la musique. D’autant que la philosophie musicale proposée par les fabricants évolue aussi. Que la tendance du moment semble aller vers de plus en plus de transparence, d’aération, de neutralité. Sur tous ces plans, le résultat n’en manque guère. Le local que je trouve très neutre et cette configuration une écoute plus que réussie. Les instruments sont tout à fait en place, la scène sonore s’étale large et profonde et je suis parfois surpris de voir surgir un instrument au-delà de la largeur de scène telle que je me l’étais imaginé. Je n'ai pas eu de sentiment de sur-analyse, la restitution à une belle richesse et garde de l'âme. La taille des interprètes est tout à fait respectée. Comme je l’ai déjà dit ailleurs, avoir une « bouche de 2 mètres » ou un piano de 10 mètres est un effet que je n’aime pas du tout. Cela n’a jamais été le cas dans cette écoute qui fait partie des moments où l'on ne craint pas que le système soit réellement prit en défaut et où l’esprit vagabonde entre la musique et l’envie de rechercher, de décripter le plus infime des micros détails. Par rapport à l’écoute sur les CT-600 où j’étais très attiré par une très grande lisibilité à très bas volume, l’écoute sur les Pass me laisse le souvenir d’avoir gardé ce potentiel de manière claire à plus haut volume également. Ce matériel est orienté vers l’avenir, il s’accorde formidablement bien avec les nouvelles techniques et manières de traiter le son, de l’enregistrer, de le mixer. Un débat pourrait s’ouvrir sur le thème : « la restitution sonore changes, mais la musique a t-elle changé ? » Je pense que oui, la restitution change, et je pense aussi que la musique change. Nous ne sommes plus dans une période où le numérique essaye de reproduire l’analogique, mais bien dans l’évolution d’une technique qui a une identité propre. C’est sans doute surtout le cas pour la musique « moderne » ou « électrifiée » où les créateurs travaillent avec les forces et faiblesses de la donne actuelle pour inventer une nouvelle identité sonore. Ce qui n’empêche pas que des formations simples et intimistes soient restituées avec beaucoup de chaleur, de légèreté et d’élégance, telle Diana Krall dans the girl in the other room. J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à sentir la présence de Miles Davis sur un enregistrement plus anciens comme « Silent Way » qui livre des secrets qui n’avaient pas à ce jour touchés mes oreilles.
J’ai passé un beau moment avec un système qui sensibilise mes yeux et mes oreilles à une identité sonore qui n’est pas celle que je vie au quotidien. Je n’ai, jusqu’à présent écouté ces enceintes que sur de très grosses machines. Je ne doute pas dans l’avenir avoir l’occasion de les faire chanter avec des électroniques plus raisonnables qui au passage utiliseront peut-être l’extrême rapidité de cette nouvelle 800 D autrement. J’aimerais beaucoup avoir des avis sur une écoute réalisée sur base de disques vinyles. Ceci étant l’aisance, la musicalité de ces enceintes, leur transparence et leur aération me séduisent.
Et quelques photos souvenirs.
Dans toute chose il y a une faille.
C'est ainsi qu'entre la lumière.
Leonard Cohen