Lors du salon New Music 2021 (compte-rendu), je n'avais pas eu l'occasion d'écouter les nouvelles KEF LS50 Meta (j'étais allé à 4 reprises sur le stand KEF, mais les Blade jouaient à chaque fois).
Je suis passé chez New Music pour les découvrir.
Grand merci à Abdès pour sa patience, son écoute et sa gentillesse.
Écoute en toute tranquillité, qui a pu se prolonger à loisir et m'aura permis de me faire une assez bonne idée, à partir d'un seul ampli toutefois; on a fait simple.
Le petit CR informel que voici porte sur la LS 50 Meta version passive (env. €1199/paire).
Aucun parallèle ne sera fait avec la LS 50 "tout court", ni avec la version active, LS50 Wireless II (je ne les ai écoutées que plus distraitement, sur un salon, et pas sur mes disques).
NB: pour rester aussi "vierge" d'a priori, j'ai lu aussi peu de choses que possible à propos de cette enceinte avant d'aller l'écouter, et de rédiger ce CR.
AMPLIFICATEUR associé pour cette écoute:
Atoll SDA 200, 120w. 11Kg. €2990. Streamer intégré. "De vrais watts", me précise Abdès. Je veux bien le croire, vu l'alimentation en double mono (et le poids...):
Les LS 50 Meta font 84dB, 4 Ohms minimum (6 Ohms nominal). Donc un ampli anémique est déconseillé.
RÉSUMÉ
- ÉQUILIBRE subjectif (au point d'écoute):
subjectivement: linéaire, peut-être un rien descendant. Très naturel, très "salle de concert". Pas de sur-définition fatigante (mais les détails sont là). Permettra de se placer assez près, si c'est nécessaire. - IMAGE STÉRÉO
D'un réalisme remarquable. Stabilité, homogénéité, solidité. Donc, crédibilité. - DYNAMIQUE
Un rien sage? (84dB, 4 Ohms min.) - TIMBRES
-pour le prix: superbes, réalistes et très convaincants, et ce, sur une large palette d'instruments (entre autre grâce à la bonne linéarité; son contraire modifiant les timbres perçus).
Les voix sont bonnes compte-tenu du prix, même si, comme beaucoup d'enceintes, elles achoppent spécifiquement sur Jojo, de Brel.
-dans l'absolu: encore plus de chatoiement? (mais par combien faudra-t-il multiplier le prix?).
Stupéfiant bouquet de qualités au regard du prix, et de la taille.
CONCLUSION
Compte-tenu du prix et de la taille, une réussite (quasi-) totale.
Très polyvalentes et "musicales". Disons plus proches d'une perspective "salle de concert", mais détaillée, que d'une perspective "scène" (parfois sur-détaillée).
Fluides et non-agressives.
Cohérence impressionnante (image stéréo, timbres).
Expressivité p-ê un rien sage. Une esthétique un peu plus apollinienne, pondérée, que dyonisiaque et d'une expressivité orgiaque.
Grave convaincant, et sans "gonflement" artificiel, ni maigreur.
Un équilibre qualité/encombrement/design/prix vraiment impressionnant.
Bref, oui, une petite bombe, il faut le reconnaître. Un "pavé dans la marre"? Peut-être, et adossée en plus (et non à la place de) à un marketing efficace. Mais que les vagues ne fassent pas trop oublier quand même les autres produits dont le service marketing a un budget moindre. Un revendeur spécialisé audio et musique sait défendre et mettre en valeur cette diversité. Pas un <pîîîîîp> d'entrepôt pratiquant le commerce en ligne, hébergé dans un cloud, dans un Claude, ou dans un Jean-Claude, basé sur le "business-model le plus con du monde" (P. Zwart, CEO de CoolBlue, le site de vente en ligne #1 aux PaysBas - propos étonnant? Voyez le lien pour explication).
Pieds indispensables. Compter €1500 avec les pieds KEF dédiés.
Une question m'est apparue, et pas si simple à vrai dire:
LA LS50 meta, POUR QUI?
Ça ne me paraît pas être une question si facile.
Car c'est un peu le "paradoxe" de ce "petit" produit, quand même assez grand par les performances, mais aussi par ses exigences envers l'amplificateur. 84dB de rendement, et 4 Ohms d'impédance min: les petits amplis premier prix sont à éviter (mais je n'ai pas testé). Voir avec New Music quel serait le 1er candidat crédible pour les faire chanter.
Elles ne sont je crois
- ni pour le tout 1er système de l'étudiant ou du "débutant", qui risque de commettre l'erreur de l'association avec un ampli anémique. Ou alors il faut qu'il ait compris, et mette très rapidement le cap sur un upgrade d'électroniques.
- ni, à l'autre extrême, pour l'audiophile exigeant, qui aurait même décidé de réduire la voilure en termes d'encombrement. L'audiophile reste très exigeant. S'il le peut, il se tournera avantageusement vers des enceintes compactes ultra-performantes (type Dynaudio Special 40, Heritage Special, ou TAD Micro Evolution One), évidemment beaucoup plus chères, mais tout de même bien meilleures encore.
- donc elles me paraissent s'adresser à tout un marché presque "grand public" mais exigeant, très vaste, qui s'étend entre les deux extrêmes pré-citées, et pourrait comprendre par exemple:
- un 2nd système?
- un système famillial peu encombrant mais performant et musicalement enthousiasmant, pour un ménage ayant décidé de tourner le dos aux "barres de son"?
- Un système compact mais ambitieux pour audiophile exigeant avec contrainte d'encombrement ET de budget?
- les "newcomers"?
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ÉCOUTE - ANALYSE. Voici ce que j'ai noté.
Écoute faite dans la pièce du 1er étage. Les enceintes étaient bien décollées du mur arrière.
- Agnes Obel, Aventine.
D'emblée très bien. Peut-être un rien descendant? Une très légère matité (c'est le terme qui m'est venu spontanément; Abdès l'a employé aussi par la suite: on est raccord sur sur ce point), qui contraste avec la brillance peu naturelle de beaucoup de productions actuelles (qui relèvent artificiellement les aigus, souvent pour se faire remarquer). Aucune agressivité. - Rogers Waters, Amused To Death.
Très bonne image stéréo. Large et précise. Les effets dûs aux déphasages sont très convaincants. La voix de femme, complètement en-dehors des HP, est siutée à gauche, entre 9h et 10h p/r à l'auditeur (env. 280°). - Mendelssohn, quatuor No. 6 in F minor, Op. 80, allegro assai - quatuor Ebène, Erato. Plage 9.
Aucune agressivité. Cordes réalistes. Aigu p-ê pas tout-à-fait aussi "enlevés", magiques et chatoyant que sur des enceintes beaucoup plus chères, et mieux équipées (d'un tweeter Dynaudio Esotar, p.ex). Mais sans aucune agressivité. Scène sonore et disposition des instrumentistes très précises, qui participent à la crédibilité. - Bach, Suites pour violoncelle seul, 2 versions: P. Fournier, P. Tortelier.
Je trouve dans Tidal un fichier intéressant, intitulé 'COMPARE', très révélateur de la façon dont la LS 50 Meta "interprète" cet instrument à la tessiture très large qu'est le violoncelle. Ce fichier reprend 2 fameuses interprétations: celles de Pierre Fournier, et celle de Paul Tortelier. Je possède les deux, mais je reviens sans cesse à la 2nde. Les LS50 font ressortir la différence de sonorité entre les 2 instruments de façon stupéfiante pour une si petite enceinte.
- version Pierre Fournier:
pas de bouffissure du haut-grave/bas-medium immédiatement perceptible. N'essaie pas d'offrir une rondeur "artificielle". Instrument un peu "sec" (mais cette version m'est aussi moins connue, je l'écoute moins souvent).
- version Paul Tortelier:
instrument immédiatement plus "plein", plus charnu, mais toujours sans bouffissure surajoutée dans le haut grave. Vraiment très bien, même si le grave est écourté, naturellement (quoique d'une façon qui n'est pas gênante: jamais l'enceinte ne sonne maigre ou pincée). - Mozart, Enlèvement au Sérail, dir N. Harnoncourt, Teldec. Acte 3 "Sie macht auf, Herr", et suivants.
Le passage ouvre sur des pizzicati (cordes pincées), ici très crédibles. Nous avons une palette de 4 voies: soprano, mezzo-soprano (haut-medium/aigu, medium), ténor (medium/haut-medium), baryton (bas-medium surtout). C'est un récitatif, alterné de passages mezza-voce, parlés ou chantés. L'enregistrement (1983) n'est pas extraordinaire, mais c'est un bon repère que j'ai pu trouver dans ce cloud (Tidal).
Si on tient compte du prix, c'est très bon. Si on ne prend en compte que les voix, et si on prend une loupe et qu'on ne tient plus compte du prix, ou si on compare p.ex avec un moniteur contemporain 2,5 fois plus cher type BBC modèle LS6, (trop?) spécialisé sur les voix (non, pas une Harbeth - et d'un look très, très différent de la LS 50 Meta...), le medium de la LS 50 Meta semble un peu moins expressif, p-ê très légèrement plus "voilé", avec un réverbération un rien moins perceptible, mais toujours présente.
Globalement toutefois, et si on se remémore le prix, rien à redire: ce quatuor de voix chante de façon vraiment réaliste (suffisamment pour "qu'on y croie"), et rend l'intrigue passionnante. Et la voix du baryton (bas-medium) n'est même pas trop "voilée" par un manque de clarté qui trahirait les limites de l'enceinte (qui se font plus sentir très spécifiquement sur Jojo, de Brel, voir plus bas). Les voix de femme passent très bien aussi, sans "pincement" ou astringeance dans le haut-medium (défaut classique sur beaucoup d'enceintes moyen de gamme contemporaines un peu "commerciales").
Bref, si on pose sa loupe, pour le prix, on est bluffé. Sincèrement. - Mozart, Fantaisie K397, Ivo Pogorelich, piano.
Belle surprise: pas de bouffissure du bas-medium, comme souvent: le piano sonne assez "droit", comme il faut (au contraire de beaucoup d'enceintes moyen de gamme qui en arrondissent les sonorités et "réchauffent" l'instrument artificiellement, le gauchissant de façon parfois caricaturale). Sur les redoutables arpèges du début, la frappe des marteaux sur les cordes ne sonne pas de façon trop "amortie", le piano reste assez droit et conserve une crédibilité assez étonnante, surtout quand on pense au contraste presque risible entre la taille de cet instrument, et celle des LS 50 Meta, quoiqu'un peu plus sur le plan de la "vérité", de la justesse et de la présence, que sur l'extension de la main gauche (grave). Réverb et détails (bruits mécaniques, et d'estrade?) conservés. - Vilde Frang, violon, "album" Paganini, Warner.
Remarquable enregistrement de violon, le suplice pour toute enceinte moyen de gamme.
(plage 1, 45'') sur les notes jouées staccato par la violoniste norvégienne, si on "arrive" sur les LS50 Meta avec la loupe du concert, ou celle fournie par les enceintes HDG ou THG, que constate-t-on? Dans l'absolu, les attaques de notes paraissent moins rapides. Mais aucune projection, aucune agressivité, ni même astringeance, même à niveau soutenu/réaliste.
Pour le prix: excellente cohérence harmonique. Violon crédible et assez réaliste. Tour de force pour une enceinte de ce prix. Un peu moins expressif à plus bas volume? - Schumann, Liederkreis. Ana-Lucia Richter, soprano. Michael Gees, piano.
Beau et touchant, même si la transparence et l'expressivité restent (forcément!) un peu limitées. - Barbara, Pierre.
Je compare 2 placements:
a) adossé dans le canapé (cuir); à 3,5m environ du plan des HP.
b) avancé, à 2,2m env. des HP; les enceintes parfaitement convergentes vers l'auditeur.
en b, les labiales sont plus claires, j'ai une préférence pour le placement b) - Brel, Pourquoi ont-il tué Jaurès? Jojo.
Avec la disposition b) décrite ci-dessus
Jaurès: Bien. Une petite résonance dans le bas-médium?
Jojo: guitare très belle. La voix (bas-medium ici) manque un peu de clarté. Puisque presque toutes les enceintes échouent ici, on savait que les LS 50 Meta allait trébucher. La question, c'était: comment?
On en parle, et on en rit, avec Abdès. On évoque le fait que les YG passent ce test. Les OVO (projet de Pol Quadens, qui restera peut-être projet), aussi. On est dans les 2 cas à des niveaux de prix sans commune mesure avec les €1199 des LS 50 Meta. - Frescobaldi, Arie Musicali, Libro 2:
Retour vers le placement initial décrit ci-dessus, a)
-"Vanne, o carta amorosa" - ténor.
- "Oscure selve" - mezzo-soprano.
- "Ohime, che feu" - soprano, luth, orgue. Superbe. Aucune verdeur (la voix de Rossana Bertini n'est pas facile à passer). Voix bien focalisée, et p-ê plus expressive que les musiciens.
Vivant et frais.
Un des régals de cette session d'écoute, et une des enregistrements qui passent le mieux, AMHA.
