Magico S1 MK2 - petite colonne, mais grande enceinte

[orfeo_monteverdi]

Je n'ai jamais été particulièrement touché par Magico. Impressionné par le foisonnement de détails, oui, mais pas toujours ému, sauf exception (la S3, sur quelques disques). Bref, ma "rencontre émotionnelle" avec ces enceintes ne s'était jamais vraiment faite, malgré diverses écoutes.
Cette "rencontre" a enfin eu lieu, vendredi passé... Sur une électronique ruineuse? Non, sur un intégré Cambridge et un lecteur CD de €3000. Je suis sérieux. (Bon, l'intégré Cambridge est tout de même le modèle Edge A, 100W/€6000).

Je signale en passant qu'il y a actuellement chez New Music DEUX PAIRES de Magico S1 MK2 à prix spécial: une occasion, et un exemplaire d’exposition, neuf. Voir NewMusic.be => Webshop.
(par contre, pas mal de modèles présentées sur leur site sont en fait déjà vendues. À ces prix-là - si j'ose dire -, ça part vite dirait-on)

Enceinte 2 voies, charge close (donc moins d'interactions avec l’acoustique de la pièce). L'amateur de timbres justes, incarnés et matériels, de transparence, d'absence totale de son de boîte (caisse en aluminium), qui souhaiterait upgrader vers sa dernière paire d'enceintes saura profiter de l'occasion.
La S1 MK2 est le modèle actuel (prix neuf catalogue: €28.000 !!).
Elle est l’enceinte de référence du jeune et excellent critique néerlandais Christiaan Punter (qui est d'ailleurs aussi un professionnel du broadcast, et utilise des Genelec dans une autre pièce):

Les enceintes de référence de l'excellent critique néerlandais Christiaan Punter

J'ai écouté les Magico S1 MK2 en comparaison du moniteur sans compromis Magico Q1 (qui, lui, commence par contre à dater, mais constituait un jalon). À mon humble avis, la S1 MK2 est meilleure partout, et offre, même à plus bas volume, un medium et un bas-medium plus lisibles encore. Elle est aussi plus transparente, en ne lâchant rien sur la matière (prouesse).



J'adore Debussy. Un important concert de musique de piano de Debussy donné par la pianiste française par Élodie Vignon avait lieu la semaine passée à Flagey, dans le cadre des Piano Days. Le concert coïncidait avec le lancement de son nouveau disque, un premier volume d'une intégrale Debussy, que j'ai acheté.
Le lendemain, pour l'écoute des S1 MKii, j'avais emporté entre autres le disque d'Élodie Vignon, entendue la veille au Studio 1 de Flagey...où son disque a d'ailleurs été enregistré !
La boucle était donc bouclée: concert, puis, de retour à la maison, écoute de deux pièces du disque, au casque (très bon enregistrement, par Aline Blondiau).
Enfin, le lendemain, écoute de ce disque sur les Magico S1 MK2 (et les Q1). Mazette... Cinq mesures et on comprend tout de suite "où on est"...





Je revendrai plus tard sur cette écoute marquante, faite entre autres à bas et très bas volume pour évaluer aussi dans le cadre des contraintes d'un urbain vivant en appartement, car je sais que beaucoup se posent la question.
"Et à bas volume, ça le fait ? ", me demandera-t-on, angoissé? Oui, ça le fait aussi :-)
À suivre.
Entre-temps, allez écouter ces enceintes étonnantes ! Peut-être vos dernières ?

[orfeo_monteverdi]

EN BREF
"Alors, à bas volume, ça le fait ? " - Oui, ça le fait aussi :-)
"Et les timbres?" - Super. Denses, matériels, bien étoffés, complexes, pas de simplification apparente (lecteur de CD de €3K toutefois). Véridiques. Mais faut pas aimer la guimauve.
"Et la dynamique ?" - Oui, bien aussi. Micro-dynamique assez bien marquée, finalement, pour une enceinte de 83,5dB
"Et l'expressivité ?" - dans l'absolu, pas mal (mais peut mieux faire?). Attention, ce n'est de toute façon pas ce que je leur demandais dans la perspective considérée (à la limite, une enceinte hyper-expressive et dynamique, façon bâton de dynamite, n'apporte-t-elle pas plus de problèmes avec les voisins?)

L'amateur de timbres justes, incarnés et matériels, de transparence, d'absence totale de son de boîte (caisse en aluminium), de remarquable lisibilité des medium et bas-médium saura apprécier leur justesse: pas de doute, une enceinte pour le mélomane qui souhaiterait upgrader vers son éventuelle avant-dernière paire d'enceintes (voire la dernière?).
Restera la question du grave. À chacun de voir. Personnellement, je ne suis pas exigeant sur la quantité de grave, mais sur sa qualité. Du moment que le violoncelle est crédible, et les contrebasses bien audibles, même atténuées, je suis content. Je n'ai pas besoin d'extrême grave (qui requiert de toute façon 7,5m de recul pour être entendu proprement), et les contre-bombardes d'un grand orgue s'apprécient je crois plutôt au concert.

[zantafio]

Magico, YG Acoustic. Même concept, même qualité. Prix obscène

[orfeo_monteverdi]

Magico, YG Acoustic. Même concept, même qualité. Prix obscène

Je vois ce que tu veux dire concernant le prix.

C'est LA raison pour laquelle je tenais quand même à signaler la présence chez New Music de deux exemplaires de ces merveilles à un prix considérablement rabaissé.
Prix certes toujours élevé malgré le rabais, mais qui place ces deux exemplaires de Magico S1 MKii désormais très près

• de la première colonne TAD-E2 (Evolution Two, sans le medium-aigu coaxial, qui avait été introduite à €12.000, maintenant à €17.000 !!)
• de la B&W 804D4 (€16.000)
• des panneaux Diptyque DP-160 MKii (introduits sur le marché en 2023 à €16.000, maintenant à €22.000 ! +33% en 1,5 an), très bien mais maigres dans le bas-médium (étonnamment, car plus bas, il y a du grave).
• etc

Si on n'a pas besoin d'un grave abyssal et si on est très regardant sur les timbres, ces S1 MKii à ce prix-là, sont une affaire (ce sont mes 40 concerts/an qui me le disent). Si pareille dépense ne m'était pas déraisonnable, je les achèterais sans hésiter. Sérieusement.

_____________________________________
Par ailleurs, quant aux prix que tu qualifiais d' "obscènes" (dans le high-end très haut de gamme en général et depuis quelques années déjà ajouterais-je, soyons de bons comptes), je crains malheureusement qu'on n'est pas sorti de l'auberge:

- d'une part les classes moyennes, colonne vertébrale de l'économie d'une démocratie, sont littéralement laminées. Elles l'ont été aux États-Unis d'abord, en Europe ensuite. Donc moins d'acheteurs pour du matériel de qualité abordable. Les constructeurs vendent moins d'unités, et sont confrontés à un choix: soit vendre beaucoup de produits bons marché (approche seulement praticable par les grands groupes industriels). Soit vendre peu de produits, mais chers. Pour les PME ou TPE que sont les fabricants d'audio haut de gamme, la première option est généralement impossible. D'où une escalade des prix car le nombre de ventes se contracte, et d'autre part les efforts d’amélioration des produits se poursuivent encore malgré tout chez quelques marques qualitatives. Chez elles, la qualité sonore augmente encore, au prix d'optimisations qui ont un coût sur la production. Ce qui rejaillit sur les prix, mais de façon déraisonnablement amplifiée certes. Donc chez ces bonnes marques-là, la qualité progresse incontestablement de génération de produits en génération, mais le prix s'envole hors de proportion.
- d'autre part, un changement de société profond: l'émergence depuis une quinzaine d'années de contenus numériques d'une grande pauvreté (réseaux sociaux, vidéos YouTube où les fake pullulent), qui sont de plus addictifs. Et qui provoquent cette fermentation de cerveau (brain rot)*, et induisent de façon insidieuse un appauvrissement de la curiosité des populations, voire de leur niveau intellectuel. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que trouve difficilement sa place l'écoute de la musique de qualité (la musique: art de l'invisible s'il en est, et qui n'offre donc rien à voir). Pour stimuler des cervelles désormais accro à la dopamine, Il faut des images, de l'action, ou, sur stupidophone, du contenu personnalisé (dont des pubs) destiné à lustrer artificieusement l'ego de chacun, et qui crée aussi une compulsion à scroller indéfiniment (doom scrolling, voir plus bas).

Laminage économique des classes moyennes, même supérieures, et addiction des cervelles à des contenus numériques visuels, souvent même produits par IA maintenant: l'un dans l'autre, tout ça ne va pas contribuer à renforcer la demande pour l'audio "haut de gamme mais de prix abordable" (non-stratosphérique), et ne risque donc pas de déserrer l'étau dans lequel les constructeurs me semblent pris en tenaille. Ce qui risque d'aggraver la faiblesse du nombre d'unités vendues, et continuera à mettre la pression à la hausse sur les prix.

____________________
* brain rot (fermentation de cerveau): expression de l’année, selon l'Oxford University Press. 'Brain rot' is defined as "the supposed deterioration of a person's mental or intellectual state, especially viewed as the result of overconsumption of material (now particularly online content) considered to be trivial or unchallenging." (Oxford University Press)

Compléments:
- Brain rot: Oxford word of the year 2024 reflects ‘trivial’ use of social media (Expression chosen after public vote describes impact of endless scrolling of mind-numbing content), The Guardian.
- Is doom scrolling really rotting our brains? The evidence is getting harder to ignore (The Guardian)